Ouf, je n'aurai pas d'arthrite....à trop craquer mes doigts

Ne louche pas : s'il passe un courant d'air, tu resteras comme ça !
Cesse de te tripoter, ça rend sourd. Si l'on dressait un palmares des idées reçues ineptes, les parents décrocheraient haut la main la médaille d'or dans la catégorie "médecine".

Une des phrases les plus célèbres n'est-elle pas : "Mange tes épinards, c'est plein de fer". On a beau savoir depuis les années 30 qu'il s'agit d'une légende due à une erreur de virgule, qui mal placée, à multiplié par 10 la teneur en fer de cette plante potagère, l'exemple de Popeye - lequel, pour avoir sa dose aurait mieux fait de mâcher les boîtes de conserve plutôt que leur contenu - a toujours des répercussions dans le milieu familial...

S'il est un médecin qui a profondément été marqué par ces légendes, c'est le docteur allergologue californien Donald Unger. Il a très souvent entendu cette phrase : "Ne craque pas tes doigts, ça donne de l'arthrite". Cet avertissement lui a été donné successivement par sa mère, ses tantes, et, pour finir, sa belle-mère. De quoi renoncer pour toujours à faire exploser ces petites bulles de gaz qui se forment lorsqu'on se tort les doigts.

Qu'y avait-il de scientifique dans ces allégations ?

Pendant cinquante ans, ce docteur a fait craquer les articulations des doigts de sa main gauche au moins deux fois par jour, en ne touchant pas à celles de sa main droite afin qu'elle serve de contrôle. Par conséquent, les articulations de la main gauche ont craqué au moins 36.500 fois, pendant que celles de droite n'ont craqué que rarement et de manière spontanée. A la fin des cinquante années, ses mains ont été comparées pour juger de la présence ou non d'arthrite.

Résultat d'un demi-siècle d'expérience : aucun signe d'arthrite et pas de différence entre les deux mains.

Grâce à son étude, Donald Unger a connu son quart d'heure de gloire en 2009, en recevant un IgNobel, ce prix couronnant les champions de la science improbable.

Alors âgé de 83 ans, il a pris cette récompense avec humour : "Mère, a-t-il lancé vers les cieux, je sais que tu m'entends. Mère, tu avais tort ! Et puisque j'ai ton attention, puis-je cesser de manger des brocolis, s'il te plait ?